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Vie des Mots
16 novembre 2008

Voire même


      Les gens cultivés ne confondent pas « voir » avec « voire », et les gens très cultivés se reconnaissent, entre autres, à ce qu'ils évitent « voire même » ; les traités des bons usages nous rappellent, en effet, que c'est un pléonasme. Une fois ceci retenu, et pour ne être pris pour dernier des ploucs, on parsème ses propos, et sourtout ses écrits, d'élégants « voire ».
      Lorsque, non content de passer pour un esprit très cultivé, on cultive un certain mauvais esprit, on en vient à s'interroger sur ce mot, qui se termine par un e dont les érudits nous apprennent qu'il ne l'avait pas en ancien français, et dont on ne sait pas de quel mot courant on pourrait le rapprocher si ce n'est du verbe « voir ». D'éminents étymologues expliquent que « voire » vient du latin « verus », qui a surtout engendré « vrai ». En fait, « voire » fut d'abord utilisé en adverbe, comme synonyme de « vraiment ». Puis, au cours des siècles, ce sens s'est perdu et a été remplacé par celui de « et même ».
      Comme il ne saurait être question de passer pour incultes, évitons donc « voire même ». Mais que serait un monde dans lequel les règles ne connussent point d'exceptions ? Dans les occasions où l'on choisirait de passer pour inculte aux yeux des cultes, quel régal que de dire « voire même » tout en pensant ce « voire » comme signifiant vraiment ! La baguette à l'ancienne se vendant au prix que l'on sait, le « voire » à l'ancienne a lui aussi le sien.


 
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2 novembre 2008

Des accents sur les majuscules


      Certaines personnes pensent que l'on ne met pas d'accent sur les majuscules ; que l'on écrit, et que l'on doit écrire, LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE. Or on ne voit pas en quoi les accents, ni les cédilles d'ailleurs, seraient moins nécessaires avec des majuscules qu'avec des minuscules.
      Une des origines de cet état de fait, érigé à tort en obligation, pourrait bien avoir été que l'on hésitait à graver les accents dans la pierre. Non que ce fût impossible, mais plutôt par imitation de la langue-mère : les mentions gravés en latin, langue qui ignore les accents, eurent longtemps valeur de modèles. L'exclusion des accents a ensuite été renforcée par l'usage des machines à écrire, heureusement remplacées maintenant par les texteurs de la micro-informatique. Grâce à eux tout est redevenu possible, et les bonnes maisons d'édition font désormais imprimer les À aussi bien que et les É. Les cartes d'identité françaises s'y sont mises pour les patronymes. Seuls quelques banquiers résistent, ignorant sans doute que le moindre accent peut être aussi vital pour l'âme qu'une lettre tout entière.


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