Nègre
Quoique
l'emploi de « nègre » soit souvent péjoratif, voire
insultant, il n'est pas envisageable de condamner entièrement ce
mot, et ses proches encore moins. D'ailleurs nul ne refuse de dire
que la traite fut le fait de négriers,
et la négritude
elle-même fut
chantée par d'illustres Noirs. Qui demanderait sans se ridiculiser
que l'on débaptisât Nègrepelisse et le cap Nègre ?
La courtoisie invite incontestablement à un effort d'imagination dans le cas où
« nègre » désigne celui qui écrit anonymement un texte
pour le compte d'autrui. Le mot traîne alors comme de la bonne
conscience à l'égard de l'exploitation coloniale des populations
africaines. Lui mettre des guillemets n'étant qu'un pis-aller,
peut-être serait-il temps de renouveler l'art de l'allusion. Les
matériaux ne manquent pas et permettent bien des nuances :
porte-plume, scribe, valet, tâcheron, galérien, serf, soutier,
esclave, mainmortable, hilote... Et n'hésitons pas à moderniser
allègrement : infoserf, ordisclave, clavilote...