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Vie des Mots
16 avril 2008

Les clés de la modernité


     À suivre l'actualité, l'époque ne manque ni de moments-clés, ni de postes-clés, ni de personnages-clés (mais qu'est donc le personnage-clef devenu ?). Si ces désignations sont bien conçues comme des mots composés, notre modernité ne se distingue guère des autres sur ce point : il y a belle lurette que l'on connaît les timbres-poste et les hommes-sandwichs. Chacun comprend que l'homme-sandwich n'est ni un lord joueur, ni même un îlien, et nul ne s'offusque de la construction verbale. Cette union de noms communs est rendue nécessaire par l'absence d'un adjectif. Qui se risquerait à évoquer un homme sandwichique, sandwichal ou sandwichesque ?
     Il est permis de s'inquiéter, en revanche, devant la progression de l'écriture « homme clé », que viennent rejoindre « cellule souche » et bien d'autres. Car s'il ne s'agit pas de mots composés, il nous faut conclure que le nom « clé », tout comme « souche », est employé comme s'il s'agissait d'un véritable adjectif. Le parfum de la transgression grammatical serait-il donc si entêtant ? Ceux qui méprisent les traits d'union devraient savoir tirer les conséquences de leurs choix. Conformément aux règles de l'honnêteté ils devraient parler d'un homme clavique, d'une cellule souchaire, etc. S'il en allait ainsi, nous condescendrions à faire preuve d'une certaine tolérance en retour, au moins à l'égard de « rose bonbon ».

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