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Vie des Mots
27 avril 2012

Ma Lieutenante

 

     Nos Armées s'en tiennent vaillament à « lieutenant » pour une femme comme pour un homme. L'histoire ne manque pourtant pas d'illustres lieutenantes, souvent même générales. Ainsi de Marguerite d'Autriche, que l'on présente comme « Lieutenante Générale des Flandres, Gouvernesse et Administratrice ».
     Ne montons toutefois pas trop vite dans la hiérarchie. Un certain nombre d'officières, sans doute, devront atteindre le grade de lieutenant-colonel pour que « lieutenant », « colonel » et quelques autres mots aient droit à leur féminin, sur l'exemple modeste, mais aussi célèbre que réconfortant, de « cantinier ». Chefs des Armées, Officiers généraux, Officiers, Sous-officiers, Soldats, une résistance extrême serait ingalante !
     Cela aquis, on pourra donner du « ma Lieutenante », hormis dans la Marine bien entendu, sachant que ce « ma » ne sera pas du tout un adjectif possessif, mais le produit d'une opération en deux temps : le soudage maintenant pluriséculaire de « ma dame », suivi de l'abréviation militaire à venir de « madame » en « ma ». Le cas de l'adjudante appelle un « mon » qui sera donc une abréviation supplémentaire de « madame ». Plaisante abréviation.

 

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26 avril 2012

Mon Lieutenant

 

     Dans les Armées françaises, hormis la Marine, on dit « mon Lieutenant ». L'officier étant une femme, on lui dit « Lieutenant ». Instructeurs de nous expliquer que ce « mon » n'est en rien un adjectif possessif, mais l'abréviation de « Monsieur ». On conçoit que, de ce fait, il ne puisse être donné du « mon Lieutenant » à une femme.
     Or, instituteurs de nous l'expliquer, « monsieur » a été produit par le soudage de « mon sieur », tout comme il en va de « monseigneur », de « madame », de « mademoiselle », ainsi que du « mondamoiseau » auquel semble promis un certain avenir. Ergo dans « mon Lieutenant », « mon » n'est pas un adjectif possessif, mais l'abréviation de la soudure de « mon » et de « sieur ». Le « mon » militaire, au bout du compte, est un adjectif possessif d'abord soudé et qui, lors de l'opération subséquente de dessoudage (de débrasage diront certains), a changé de nature. Cette transmutation remarquable est un témoignage de plus des étonnantes ressources de l'esprit humain.

 

16 avril 2012

Myriade


     On dit parfois des myriades comme on dirait des millions. Ce faisant on exagère puisqu'une myriade est un groupe de dix mille, comme une dyade est un groupe de deux et une décade un groupe de dix, que l'on parle de jours, d'années, de soldats ou de haricots ; ainsi le veut l'origine grecque de ces mots. Parmi eux, seul décade est resté d'utilisation courante.
     Déca est un préfixe bien connu du système métrique (décamètre) ; myria en fut un aussi. Ceux qui indiquent des multiples après déca et hecto ne sont pas censés s'arrêter à kilo. Le myriamètre est une distance de dix mille mètres. La Constitution de l'an III prévoyait que les membres du Corps
législatif recevraient une indemnité annuelle « fixée à la valeur de trois mille myriagrammes de froment » (art. 68). Qui comprit alors, hormis les bénéficiaires, que mille myriagrammes ne sont rien d'autre que dix mille kilogrammes ? La Constitution de l'An VIII se garda de promettre tant de myriades.

 

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