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Vie des Mots
29 octobre 2013

De...


     Un « 
de facto » est toujours de bel effet dans un exposé sérieux, surtout si « de jure » vient lui donner la réplique. Encore faut-il ne pas se tomber dans le petit ridicule, que l'on s'appelle X ou Y, de prononcer deu au lieu de . Une francisation outrancière risque même de conduire ce « jure » à se faire prononcer jure, tel quel, comme dans « je jure ».
     Rejeter cette gallicisation doit-il conduire, à l'inverse, à tenter la parfaite latinisation, à italianiser en quelque sorte « de jure » en dé youré ? Comme pour « alea jacta est », une certaine tradition y opposerait son inertie. Dans la langue courante, gallo-latins nous sommes et sans doute le resterons. La tolérance que cela autorise pour notre prononciation du « jure » latin (juré) ne saurait cependant s'appliquer à tout, du moins pas à « de ». Pour « de facto », en tout cas, sa prononciation est la seule preuve que le locuteur soit frotté d'humanités.

 

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29 octobre 2013

Coup d'État

 

     « Coup d'État » a connu une belle fortune puisque cette expression s'emploie en japonais (kudeta) aussi bien que, telle quelle, en anglais (amis xénographes, mettez un É !). On la comprend surtout de nos jours comme désignant un coup décisif porté illégalement aux institutions et venu de l'intérieur du pays ; plutôt de la gent militaire d'ailleurs, les peuples effectuant pour leur part des révolutions. Contentons-nous d'une modeste interrogation sur la préposition mise à contribution.
     Pourquoi ne dit-on pas coup à l'État ? Un coup sur la tête, ou à la tête, n'est pas en soi un coup de tête (c'est-à-dire donné avec la tête) : ce n'est pas la même tête qui est en cause. La raison de cette bizarrerie est que l'expression servait initialement à désigner un coup porté par l'État lui-même à quelque Grand aux entreprises réputées factieuses. Ainsi de l'arrestation du surintendant Fouquet ; ou encore, un peu auparavant, de l'exécution du maréchal d'Ancre. L'important, pour qu'il y eût bien coup, était que la surprise accompagnât la brutalité. Le coup du 2 décembre 1851 releva, pour sa part, des deux genres à la fois, puisque porté à l'État par son propre chef. Cette conjonction particulière contribua-t-elle au basculement sémantique de l'expression ? Toujours est-il que celle-ci est restée syntactiquement indifférente aux convulsions politiques.

 

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