Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vie des Mots
4 janvier 2013

Algorithme

 

    Le mot algorithme fait montre d'une insistance croissante dans le domaine des TIC, ces Techniques de l'Information et de la Communication qui s'imposent de plus en plus. La notion d'algorithme et celle de programme informatique ont à voir l'une avec l'autre, mais elles ne coïncident pas pour autant. Considérer l'origine du mot éclaire, non sans jeter un trouble, parce qu'elle relance la bonne vieille question du rapport de la pensée au langage.
    Un programme s'écrit dans un langage spécialisé qu'un ordinateur puisse comprendre, c'est-à-dire tel qu'il puisse exécuter le programme ; le Basic en est un exemple. Ce programme, ainsi écrit, est appelé un code-source. Le droit français en reconnaît la spécificité puisque, en matière de propriété intellectuelle, il accorde à celui qui le produit la protection, non pas d'un brevet, mais du droit d'auteur, comme à un écrivain.
    Un tel code traduit des idées, celles qui s'agencent en un processus intellectuel, lequel consiste à recevoir des données (l'âge du capitaine et la température de l'air) et à en faire quelque chose (déterminer la couleur des yeux de la lieutenante). L'algorithme dit comment procéder au travail sur les données. Une question délicate est de savoir si l'algorithme est constitué des idées, ou bien de leur expression dans un certain langage, pour autant que les deux aspects puissent être séparés.
    Il existe autant de définitions du mot que de définisseurs, excellent prétexte pour remonter aux sources. Au IXe siècle, le Perse Al-Kowarismi (l'orthographe latine de son nom est mal fixée) transmit à l'Europe les techniques indiennes de calcul écrit, celles que nous apprenons à l'école, et c'est elles que l'on appela algorithmes. L'exemple le plus simple en est la manière d'effectuer une addition : disposer les chiffres de telle façon, puis commencer par la colonne de droite, etc. Il est trop réducteur de parler les algorithmes comme étant des formules mathématiques ; ce sont des successions d'instructions. Les programmes étant eux-mêmes de telles successions, et qui plus est très calculatoires initialement, l'informatique, tout naturellement, alla prendre le mot algorithme à l'arithmétique.
    Un embarras provient de ce qu'il est difficile, en tout cas en matière d'instructions précises, de séparer l'idée de sa formulation. L'instituteur disait d'aligner les colonnes des unités pour additionner ; nous avons oublié ses paroles et le faisons d'instinct. Un algorithme à finalité informatique, généralement plus compliqué, s'écrit avec des mots ordinaires, ou au moyen de symboles, voire de schémas. À ce stade c'est un texte si l'on veut, mais qu'un ordinateur ne comprend pas, et nos législateurs ont décidé, à raison ou à tort, de ne pas accorder de protection à l'auteur en matière de propriété intellectuelle.
    En résumé, un programme informatique présente deux faces : ses idées constitutives d'une part, leur expression en langage d'ordinateur d'autre part ; l'algorithme et le code. Un informaticien entraîné peut écrire directement en langage d'ordinateur le petit programme qu'il invente dans sa tête bien faite. Dans ce cas l'algorithme est resté tout mental et, comme il n'a pas reçu d'autre expression que le code-source, la tentation est compréhensible de mêler toutes les notions en déclarant qu'il a écrit un algorithme ; mais la généralisation d'un tel abus finirait par brouiller toute perception en ces matières. Le mieux, en cas d'hésitation, est de repenser au leg d'Al-Kwarismi.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Vie des Mots
Publicité
Derniers commentaires
Publicité