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Vie des Mots
18 juillet 2012

Hyperbolettes

 

     Parce que donner dans l'excès fait parfois du bien, nous en renouvelons sans cesse les moyens, jusque dans les formes minimes de l'hyperbole.
     Il arrive que très et grand soient insuffisants : les situations gravissimes exigent un généralissime, voire un maréchalissime, espéré génialissime.
     À l'opposé de cette enflure, le préfixe per est d'un charme assez discret. Son emploi semblait relégué à la chimie : un peroxyde est un composé particulièrement chargé en oxygène. Il est pourtant présent dans bien des mots courants, où l'on n'y fait plus attention : pervertir c'est retourner complètement. Son succès est incontestable actuellement avec perdurer. Ce verbe n'a rien d'excessif pour les choses éternelles ; dans le cadre de promesses, en revanche, son usage se laisse sentir quelque exagération.
     Si l'adverbe supra reste une manière savante de dire au-dessus (cf. supra), voire de produire un superlatif renforcé (supraconducteur), super est des plus familiers : les superpuissances sont au-dessus des puissances, comme les archanges sont au-dessus des anges ; et de même pour les supermarchés, encore qu'un racornissement se soit produit avec supérette.
     De façon légèrement plus accentuée, hyper, forme grecque pour au-dessus, à donné l'hyperpuissance de nos jours, comme l'hypermarché hier et l'hyperbole jadis. Hyperette concurrence superette dans le contre-excès.
     Outre reste présent sous sa forme d'origine ultra, avec son sens propre dans ultramontain et ultramarin. L'idée d'excès s'est déjà pointée dans ultraroyaliste à la Restauration et dans ultranationaliste il y a quelques temps ; elle est patente dans ultra-pressé.
     Il fut un temps où méga se contentait de s'opposer à micro, jusque dans Micromégas. Lors de l'invention du mégaoctet, « c'est méga ! » fut « c'est super ! » en cent fois mieux, vite suivi de « c'est giga ! ». L'accélération du progrès nous permet de prévoir l'arrivée de « c'est téra ! ». Il n'est pas possible de prédire que l'on échappera ensuite à l'ambigu « c'est péta ! » et à l'équivoque « c'est exa ! ». De toute façon zetta et yotta se tiennent en réserve et la suite est en préparation.

 

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