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Vie des Mots
17 décembre 2011

Fabulation


    Des milieux entichés de communication bruissent d'un concept nouveau, le storytelling ; mot à mot : le racontage d'histoire. On élabore une grande histoire, on la nourrit de preuves subtiles, on la diffuse par mille canaux avec art et avec assez d'insistance pour qu'elle devienne une vérité, et même mieux qu'une vérité : la réalité. Ainsi procèdent, dit-on, quelques grandes entreprises voulant passer pour éthiques. Certains États insuffisamment démocratiques feraient de même pour entraîner leur peuple dans des aventures scabreuses avec enthousiasme.
     Laissons le décalque racontage d'histoire aux commissions de terminologie dont les mots inanimés n'ont manifestement pas d'âme. Le français dispose de fabulation et de son compère affabulation. Leurs emplois ont évolué au cours des âges et les dictionnaires ont du mal à s'accorder à leur sujet. De nos jours, les deux traînent une idée d'invention mensongère, le fabulateur pouvant aller jusqu'à croire lui-même à ce qu'il raconte, alors que l'affabulateur n'a pas cette excuse. Fabuler et affabuler ont servi, entre autres, à désigner un aspect du métier d'homme ou de femme de lettres, à savoir le travail d'organisation de la narration, et souvent de la fiction, dans une œuvre littéraire. Ces deux verbes sont donc disponibles pour dire raconter une histoire en y mettant l'idée que cette histoire est très élaborée et qu'elle cherche à tromper en grand. Tant que le rôle du préfixe a(f)- n'aura pas été éclairci par les meilleurs connaisseurs du français, on peut s'en passer. La fabulation, donc, c'est le racontage d'histoire sous sa forme consciente et volontaire, particulièrement élaborée, peut-être même grandiose. L'histoire ainsi racontée n'est ni plus ni moins qu'une fable.

 

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