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Vie des Mots
26 juin 2010

Vingtaines


      Quarante, cinquante, soixante... septante, octante, nonante est la succession la plus simple et la plus étymologique à la fois, ce pourquoi la France l'adoptera d'ici à la fin du millénaire. Mais foin de huitante et de son goût fade de faux bon sens !
      Soixante-dix, quatre-vingts et quatre-vingt-dix témoignent d'un usage du nombre vingt propre à nos ancêtres, paraît-il. Compter par dizaines vient de l'usage de nos deux mains ; compter par vingtaines aurait à voir avec mains et pieds réunis. Bien que le mode d'emploi des orteils échappe encore aux recherches, le fait est que vingt fut jadis à l'honneur.
      Quarante, cinquante, soixante : pour devenir de bons Gallo-Romains, nos ancêtres durent peut-être renoncer à deux-vingts, deux-vingt-dix, trois-vingts. Quatre-vingts traduit en tout cas un esprit de résistance que Belges et Helvètes n'ont pas jugé indispensable d'entretenir. Deux pieds plus loin, il impose un quatre-vingt-dix d'une lourdeur très réussie.

 

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11 juin 2010

Histoire


      Le célèbre Museum National d'Histoire Naturelle a été créé par la Convention et la non moins célèbre Histoire Naturelle du comte de Buffon avait commencé de paraître dès le milieu du siècle. Si chacun des deux participait à un grand renouvellement, le mot « histoire », au contraire, se fossilisait pour une part.
      Comme son ancêtre grec historin, il avait servi à désigner toute enquête menée avec soin en vue d'accroître un savoir ; désignant la recherche elle-même, il pouvait aussi servir à nommer le rapport qui en exposait les résultats. Si les Histoires d'Hérodote racontent la Perse et les guerres médiques, l'Histoire naturelle de Pline l'Ancien traite de géographie, des minéraux des végétaux et des animaux. Au XVIIe siècle, François Bacon, philosophe et grand chancelier d'Angleterre, écrivit une Histoire du règne du roi Henri le septième et, tout aussi bien, une Histoire des Vents. Puis le mot servit de plus en plus à désigner une description du passé et de moins en moins une description de la Nature. Cela lui valut de gagner une majuscule, comme d'autres une couronne : l'Histoire est l'un des grands acteurs de ce monde chez moult penseurs des tout derniers siècles, certains lui attribuant un sens, certains une fin.
      Pour l'essentiel, le sens de ce mot s'est néanmoins spécialisé, contrairement à ce qui arrive à tant d'autres, et la moitié savante de nos âmes doit se tenir contente de ce gain de précision. Il n'y a plus qu' « histoire naturelle » pour rappeler que le mot n'était en rien réservé, au départ, à la description de ce qui passe, et les exquises effluves surannées qui l'accompagnent là peuvent convenir à la moitié poétique de nos âmes.

 

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