Phobie
Un mot comme
« xénophobie » est employé en dépit de l'étymologie.
Ceci vaut a fortiori pour « homophobie », qui est relatif
à la sexualité alors que ce n'est le cas d'aucune des deux racines
qui le compose. Ce qui nous retiendra ici est que, dans ces deux
mots, « phobie » est utilisé en suffixe pour exprimer la
détestation : le xénophobe serait
celui qui hait l'étranger. Or la racine, en grec, signifie la
peur, ce qui n'est pas la même chose. La psychiatrie a maintenu ce
sens, qu'il n'y a aucune raison d'abandonner : la claustrophobie
est la peur de l'enfermement. On conçoit bien le glissement
sémantique qui a pu faire passer de peur à haine : à craindre
quelque chose on en vient à la détester. Est-ce une raison pour que
le jardin soit mal tenu ?
La racine qui
exprime la détestation est « misie », présente
dans « misanthrope » (qui déteste l'humain) et dans
« misogyne » (qui déteste la femme). À
la place d' « homophobe », il faudrait pouvoir dire
« homosexuellomise » ; mais il y faut une patience
d'Allemand. Au-lieu de « xénophobe », au moins, nous
dirons désormais « xénomise ».