Collapse
En anglais le nom et le
verbe « collapse »
expriment l'idée d'effondrement. L'origine en est le latin
« collapsus », qui a ce sens, marqué par
l'idée d'affaissement. Et en tant qu'anglicisme, disent certains de
nos dictionnaires, « collapse » désigne une mauvaise
tournure que peut prendre le séchage du bois. La Faculté préfère
« collapsus » pour nommer un type d'effondrement
physiologique. Il n'est pas mauvais, en effet, que la langue médicale
conserve des formes latines, qui sont autant de preuves d'un savoir
rassurant.
Ces emplois ont quelque
chose d'étrangement timide car, même si le français dispose
déjà du mot « effondrement », le langage le plus courant peut
avoir besoin de doubler ce dernier par un mot qui exprime une variété
ou une nuance, que l'on réserve le nouveau à ce qui se produit à
l'intérieur, comme dans le cas du bois et de l'organisme, ou qu'il serve à
distinguer les effondrements spontanés de ceux que l'homme provoque,
ou pour toute autre raison. Le cas échéant, le latin « collapsus »
fournirait « collapse », aussi naturellement que « templum » a donné « temple ».
Messieurs les Anglais
ayant procédé les premiers à cette adaptation, nous leurs
reconnaîtrions de bonne grâce l'antériorité. L'emploi de
« collapse » dans notre langue, malgré sa véritable
origine, pourrait ainsi continuer de passer pour un anglicisme. Il
est le bienvenu comme tel puisqu'il rejoint tous ceux qui
enrichissent le français dans le respect de ses sonorités,
comme l'ont fait « paquebot » et « addiction ».
Comme ce dernier, « collapse » entrerait, plus
précisément, dans la catégorie des faux anglicismes, laquelle
voisine la catégorie latine des faux imparisyllabiques au catalogue
des ruses de la grammaire.
En dépit des
protestations à attendre de la part des étymologues, le nom
« collapse » s'accompagnerait bien sûr du verbe
« collapser » : « telle banque a collapsé » a
quelque chose de plus propre que « la banque s'est effondrée »,
qui évoque un peu trop poussières insanes et gravats vulgaires.