Intelligence
Intelligence
n'est pas de ces mots qui laissent indifférent. Son apparition peut
éveiller l'intérêt et la curiosité, parfois déclencher la
fascination, ou au contraire susciter la méfiance, voire les
sarcasmes. Mais trêve de littérature. Que noter à son propos ?
On sait que, dans notre langue, il
désigne quelque chose d'à peu près impossible à définir de façon
satisfaisante. Remonter à la source latine n'apporte qu'un éclairage
partiel : inter-ligere, établir des liens entre (les choses,
les faits , les idées) ; or l'intelligence, au sens le plus habituel
du terme, ne se limite pas à cela.
D'autres nations sont allées, à ce
que l'on dit, jusqu'à monter un Service de l'Intelligence. Comment
de vrais gentlemen auraient-ils pu se relâcher au point de
faire valoir leur intelligence avec autant d'outrecuidance ? En
réalité, le choix de se mot est un habile piège à grenouilles,
une perfidie de plus penseront même certains. Que dans ce cas le mot
désigne le Renseignement, et non la puissance cérébrale de
l'individu, est moins surprenant lorsqu'on songe qu'il se dit parfois
« avoir l'intelligence des choses ». Et le Renseignement,
après tout, à cela pour finalité. En prenant les mots par ce
biais, on supporte un petit peu mieux de savoir qu'il se développe
en nos contrées une intelligence économique ; d'autant que
par les temps qui courent, ça pourrait servir.